C’est une sensation très étrange, voire fort peu agréable de me retrouver à nouveau confinée à peine sortie d’une période d’isolement volontaire dans le silence. Pour être plus exacte, je devrais dire comme St Benoist : « dans l’économie de paroles ».
Ma recherche, au sortir de ma pratique pranique, allait vers un retournement intérieur dans un autre cadre. J’aspirais à observer et peut être, permettre à mon espace intérieur de s’élargir.
Faire retraite d’un monde d’abondance d’incohérence, de bruit, de mouvement, de révolte aussi.
Un séjour dans une abbaye était une invitation à me tenir dans la présence essentielle.
Cette invitation m’a été faite, une fois de plus, par la vie et ses synchronicités.
Je suis tombée (par hasard 😉 ), sur un article illustré par le témoignage d’une femme qui évoquait sa retraite silencieuse à Notre Dame des Gardes.
Ni une ni deux, ma réservation était faite dans la demi-heure. Je n’avais qu’une hâte, entendre les religieuses chanter alors même que j’ignorais tout d’elles et encore plus qu’elles chantaient prodigieusement.
Il est bien connu qu’il est préférable de ne rien attendre, ne rien projeter lorsque l’on s’engage dans l’inconnu.
Rester ouvert à la vie et à ce qu’elle projette de nous faire expérimenter
J’avais déjà effectué des séjours dans le silence, dans un monastère et auprès d’Etres Éveillés ou auprès d’avatars. Chaque séjour est diffèrent. Le contexte, mais également moi, mon état d’esprit font de ces périodes des moments uniques.
Cette fois, j’avais un grand besoin de tranquillité, de ralentir, d’écouter mon rythme, ne plus penser à rien hormis à ce qui était là, juste dans l’instant. Ma reprise alimentaire me perturbait légèrement. Je ne savais plus si c’était une bonne chose pour moi de me remettre à manger. C’était le moment idéal de laisser être ce qui le devait.
La joie que je ressentais sur le chemin de l’aller était un bon présage. L’accueil de Sœur Marguerite Marie, tout en douceur et plein de sollicitude me rempli le cœur dès les premiers instants. Tout au long de mon séjour je ne cesserai d’être émerveillée par sa présence, l’amour, la douceur qui émane de sa présence et de sa voix.
Dès la première nuit, le ton du séjour a été donné
Moi qui ne rêvais plus depuis bien longtemps, mes nuits sont redevenues enchantées et me laissaient le matin des messages et guidances qui m’accompagnaient tout au long de mes longues marches.
J’avais déjà expérimenté des lieux où mon sommeil revenait à une certaine norme de récupération et de reconnexion. Ici, c’était une expérience nouvelle. Certains matins il m’est réellement arrivé de ressentir les messages provenant de mes cellules, les alignements ou désalignements qu’il fallait que j’observe, les tensions également.
Le mot d’ordre qui s’est imposé pour le temps du séjour a été celui du 3ème matin. “Ne réfléchis plus, ne lis plus, lâche tes pensées, ne recherche aucun sujet de réflexion, sois juste dans ce que te propose l’instant”.
Pas facile ! J’ai donc fini par lâcher mes lectures, l’écriture qui de toute façon ne fonctionnait pas du tout, mes exercices de Grabovoï. Je n’ai conservé que le yoga pour l’ancrage et des petites phrases de décrets pour le nettoyage de ce que je pouvais observer comme limitant.
Cela m’a demandé de me reprendre en permanence pour revenir en mon centre, juste dans le corps et les sensations. C’est incroyable combien j’ai pu me montrer résistante et inconstante dans cet exercice. Pensant être dans ma présence, je me rendais compte régulièrement que mon mental m’avait emporté dans ses rêveries.
Tout n’a pas toujours évident. Besoin, désir, nécessité…..
Je partais le matin après les laudes de 7h pour une marche de 15 à 18 km
Le temps favorisait les explorations. J’avais chaque matin un magnifique soleil qui m’accompagnait au milieu des gelées matinales
Chaque jour je ressentais cette dépense physique comme une nécessité en lien avec le retour de l’alimentation solide et avec une forme de dépouillement.
Je laissais sur ces chemins, je remettais à la terre et aux cours d’eau, le lourd, le triste et l’inutile. Je laissais briller comme ces gouttelettes de rosée, la joie intérieure spontanée.
Durant mes longues marches du matin, j’ai souvent été amenée à observer les nuances entre le besoin, le désir et la nécessité. C’est un bien vaste sujet d’investigation. Il se trouve que je me retrouve parfois en opposition avec les thèses philosophiques traitant de ce sujet, avançant que le désir fait justement de nous des êtres libres. Mais de quel désir parlons-nous ? Celui du corps, de la conscience, de l’esprit ou de l’âme ?
Et comme tout arrive quand on est prêt, je découvre ces jours-ci que l’enseignement de Grigory Grabovoï m’apporte l’explication suivante :
« Le désir de notre âme met en route le désir de l’esprit et l’esprit qui évolue commence à agir en sorte que le corps évolue dans la direction désirée par l’âme. Notre corps a ses propres désirs. Il faut unifier les désirs du corps, ceux de l’esprit, de la conscience et de l’âme. En nous concentrant sur nos sensations corporelles, on développe la conscience qui comprend l’âme de mieux en mieux. » Extrait de la formation « Evoluer avec Grigory Grabovoï”.
Je ressens profondément que c’est l’exact processus qui m’a ramenée au pranisme. Je vous laisse plancher sur le sujet et reste disponible pour en échanger plus avant avec vous
L’amour de Dieu, de la Vie, de l’Invisible
En plus de toutes ces merveilleuses marches, l’abbaye offre la possibilité d’assister aux célébrations religieuses de la journée. Elles commencent à 4h15, pour se terminer à 20h00. Tous ces moments passés dans la chapelle à écouter les religieuses chanter ont été un délice pour mon cœur et pour mon âme.
A de nombreuses reprises j’ai senti mon cœur s’ouvrir et les larmes couler.
J’ai eu l’occasion d’en discuter avec une des religieuses. Elle m’a expliqué combien elles essayaient de nous transmettre leur amour de Dieu, au sens amour de la Vie, de l’invisible de la Source. Elle m’a confié l’harmonie et la force de leur communauté, combien les sœurs se soutiennent dans les moments où « c’est moins ça », où la voix pouvait ne pas donner toute sa mesure parce que la présence , elle aussi, pouvait varier.
A ma grande surprise je me suis retrouvée dans nos échanges. Nos parcours, nos pratiques bien que très différents se rejoignaient dans le même amour, la même disposition à offrir le meilleur de nous pour l’amour de l’autre, de la vie.
A propos de ma reprise alimentaire, la semaine a elle aussi été surprenante.
Je m’étais dit que les choses allaient se faire comme elles le devaient, le menu n’étant pas entre mes mains.
Il s’avère que durant 8 jours j’ai eu un régime assez particulier. Il a été constitué principalement de soupe, pain beurre, salade et compote. Cela a bien fait rire mes “collègues de cellules” car si nous n’échangions pas beaucoup, les regards et les expressions n’en avaient que plus de sens et de force.
En effet, si les 2 premiers jours nous avons eu des légumes et des œufs, à ma grande surprise tous les autres jours, la viande s’est invitée sous toutes ses formes et à tous les repas. Il ne me restait donc plus grand chose hormis la soupe, les feuilles de salade et les quarts d’œufs durs de décoration. J’ai pris cette situation avec philosophie, elle me faisait doucement sourire, comme un clin d’œil me montrant que finalement je n’avais, dans l’absolu, pas totalement repris le solide et surtout besoin de rien.
Malgré ma dépense physique, je n’avais pas faim. J’ai noté toutefois que la nourriture appelle la nourriture. Même sans aucune faim, depuis ma « reprise alimentaire », je cherchais à me mettre “quelque chose sous la dent”. C’est assez étonnant d’observer cette nécessité de se remplir sans besoins particuliers. Et pourtant, tout ce qui avait pu me faire envie durant ces presque deux mois durant sans nourriture solide ne me tentait pas du tout.
Après tous ces kilomètres, j’ai eu le plaisir de constater à mon retour (grâce à ma super balance connectée ) que j’avais repris un kilo de muscle. Cela m’a fait le plus grand bien. Je me sentais encore plus présente dans mon corps.
Je conscientise donc cette reprise alimentaire comme une pause qui m’évite les frustrations d’un passage radical au pranisme total. Je ne doute plus aujourd’hui que je vais reprendre un nouveau processus et peut-être faire des allers retours.
J’aspirais dans ce séjour à la solitude et et au silence.
J’y ai vécu du lien et une ouverture à l’autre.
J’espérais des réponses.
Je me suis exercée à laisser tout « être dans l’instant » sans chercher à « savoir l’après ».
Il ne s’agissait pas ici de silence dans le sens de “se taire” même si cela a été aussi.
J’aime le silence qui prend place lorsque les pensées s’apaisent.
La respiration, le rythme intérieur se ralentissent ainsi que le mouvement de la pensée.
L’attention se porte dans le corps.
De cette présence émergent les pensées, les choix, une parole plus juste, un regard porté plus posément vers l’autre, sans jugement, dans l’accueil.
Tout est loin d’être optimal. Je m’entraîne encore et encore.
C’est le chemin, celui que j’ai vécu de ma cellule.
Non pas d’une cellule d’enfermement, mais une cellule de vie faisant partie d’un corps lumineux. Un tout, composé de toutes les cellules de l’abbaye, vibrantes d’amour et de prières. Un corps empli de bienveillance, de douceur, de tranquillité et d’un amour infini dont je me suis nourrie.
Je vous souhaite à vous aussi le meilleur, de trouver votre chemin.
Bien à vous
Catherine
Merci pour ce nouveau partage. Je constate que les vibrations que tu transmets par tes écrits me sont bienfaisantes. Je ne t’ai jamais rencontrée, mais par mes aperçus épistolaires de tes communications diverses depuis des années il me semble te connaître un peu et aimer qui tu es. J’apprécie particulièrement ton geste authentique dans la libération des schémas et croyances acquises, ce qui induit des remises en question, des dispositions dans la confiance et le courage pour des expériences innovantes.
Oui, nous cheminons en consultant toujours notre boussole. Mais quelle boussole? La perception de nos sensations corporelles est une porte vers la parole de notre âme. Je comprends que le chemin du pranisme soit particulièrement favorable pour cette ouverture et sensibilité, cette acuité, même si toute pratique consciente est propice à cette perception, notamment la pratique artistique, au sens large. Je trouve intéressant d’essayer de percevoir la nature spécifique de ses perceptions corporelles selon le vécu présent, l’expérience en cours.
Nos émotions sont également une boussole importante et précieuse, qu’il est certes délicat de toujours bien lire. Le désir inspiré est facilement masqué par le désir subi, par les habitudes qui créent le besoin, à moins de soigner notre état de relâchement, d’écoute, d’ouverture, de véritable présence en fait.
Peux-tu spécifier quelle est ta “super balance connectée”?
Je te souhaite une lumineuse continuation sur ton chemin de joie.
Merci Joël pour cette présence, l’intérêt que tu me retournes en tes réflexions. Je te suis reconnaissante, cela induit un effet quantique. L’observateur qui rend l’expérience réelle. C’est un moteur pour moi. Les retours que je reçois sous toutes leurs formes font également évoluer mon raisonnement, en le stabilisant en quelque sorte pour ensuite lui permettre de s’étendre toujours un peu plus loin. Oui, sans nous rencontrer nous pouvons créer une relation enrichissante, nourrissante dans le sens qu’elle nous fait évoluer vers qui nous sommes.
Concernant la balance connectée je me suis laissée tentée par une offre pour celle qui est de la marque de mon téléphone mais il en existe beaucoup. Elle ne m’a presque rien couté et j’ai beaucoup apprécié de l’avoir durant mon parcours. Je n’éprouvais pas vraiment le besoin de me peser avant car mon poids n’a jamais vraiment varié depuis mes 14 ans (hormis à quelques occasions précises) mais cela était indispensable durant mon parcours.
Au plaisir d’échanger à nouveau
Je te souhaite une belle journée Joël